En moyenne au Maroc, 40.000 accidents de travail sont recensés annuellement dans le BTP et 2.000 décès sont déclarés.
Seules 13.000 entreprises déclarent leurs accidents sur les 50.000 que compte le secteur du BTP.
Dans le cadre de ses activités d’intérêt général en faveur du secteur de la construction, le Centre des techniques et matériaux de construction (CETEMCO) a réalisé un projet sur la santé et la sécurité au travail dans les chantiers du BTP au Maroc, intitulé Salama II.
Il s’agit d’un référentiel sur la sécurité du travail dans les chantiers de construction, à l’instar de ce qui a été fait pour l’industrie, à travers Salama I, lancé en 2016.
«La question de la santé et la sécurité au travail est centrale. Elle revêt plusieurs aspects tant sur le plan économique que la stabilité sociale. Le secteur du BTP connaît une forte dynamique, il a permis de créer plus de 24.000 emplois en 2019. Nous avons établi une feuille de route, en partenariat avec les acteurs concernés, pour renforcer les dispositions de sécurité dans le secteur», indique Noureddine Benkhalil, secrétaire général de l’Emploi et de l’Insertion professionnelle, au ministère du Travail et de l’Insertion professionnelle.
Le coût des accidents du travail peut impacter sérieusement la pérennité d’une entreprise. Outre les charges liées à l’assurance, des perturbations majeures peuvent surgir et menacer l’exploitation de la société.
«Le référentiel peut résoudre les problématiques de sécurité dans les chantiers. Les risques sont le plus souvent liés à des entreprises non structurées. Nous recommandons au département de tutelle de le rendre obligatoire à travers un arrêté. Il est question qu’il soit exigé pour les entreprises qui veulent décrocher un marché public», préconise David Tolédano, président de la Fédération des matériaux de construction (FMC).
Un signal fort doit être adressé aux entreprises par les pouvoirs publics à travers le renforcement des obligations réglementaires et surtout le contrôle de leur application avec pénalités en cas de non respect.
Le référentiel a pour objectif d’encourager les entreprises marocaines opérant dans le BTP à se lancer dans des démarches de management structurées, compatibles avec les pratiques internationales en la matière, leur permettant d’instaurer de bonnes pratiques pour préserver la santé et la sécurité de leurs employés.
Une activité à risque
«Le BTP est une activité à risque qui emploie plus de 10% de la population active, soit près d’1 million de personnes, dont les deux tiers n’ont jamais travaillé dans le secteur. Ces employés inexpérimentés sont particulièrement exposés aux multiples risques des chantiers inhérents à la nature dangereuse du travail (travail en hauteur, chute d’objets, manutention de charges lourdes, circulation d’engins, etc.) et à la diversité des situations de travail auxquelles ils sont confrontés», explique Said Bouanani, DG du Cetemco.
Selon les chiffres de l’Autorité de contrôle des assurances et de la prévoyance sociale (ACAPS), en moyenne 40.000 accidents de travail sont recensés annuellement dans le BTP et 2.000 décès sont déclarés, soit l’équivalent de 50% du nombre de décès enregistrés dans les accidents de la circulation.
«Ces chiffres sont certainement très en deçà de la réalité, quand on sait qu’une grande majorité d’employeurs évite de déclarer leurs accidents aux compagnies d’assurances», affirme Bouanani.
En effet, seules 13.000 entreprises déclarent leurs accidents sur les 50.000 que compte le secteur du BTP.
Derrière ces chiffres, il ne faut pas oublier les drames familiaux, les conséquences judiciaires et les coûts de réparation pour les entreprises.
Les professionnels du secteur, par la voie de la Fédération nationale du bâtiment des travaux publics (FNBTP), accueillent avec satisfaction le lancement de ce référentiel. Ils prônent par ailleurs une nouvelle réglementation, en adéquation avec les contraintes et les spécificités du secteur.
«Nous voulons de nouveaux textes de loi plus efficaces pour renforcer la sécurité dans les chantiers. Il est essentiel de lancer des initiatives citoyennes comme un Prix national de la sécurité», préconise le vice-président de la FNBTP.
Il est à rappeler que le référentiel de sécurité dans le BTP a bénéficié d’un soutien financier du ministère de l’Industrie à travers un fonds d’appui aux centres techniques.
Il a été mis en place en étroite collaboration avec la Fédération nationale du bâtiment et des travaux publics (FNBTP), l’Institut de normalisation (Imanor) et l’Association professionnelle des cimentiers (APC). Les entreprises intéressées peuvent bénéficier de formation et être certifiées.
Source : FNH